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L’IA s’impose comme un des piliers du « bull market » - 29 janvier 2024

Thème majeur et multiforme, l’intelligence artificielle (IA) participe de manière de plus en plus importante à soutenir l’appétit des investisseurs pour les marchés des actions. Sa portée est à la fois macroéconomique, microéconomique et comportementale.

Stabilisés par la désinflation puis réveillés par le pivot des banques centrales en fin d’année 2023, les marchés des actions se découvrent un nouveau soutien, celui de la diffusion du thème de l’intelligence artificielle. Déjà en vogue l’année dernière (graphique 1), mais sur un nombre plus restreint de valeurs, le thème s’élargit en effet de plus en plus. Plus d’un tiers des entreprises du S&P 500 mentionnent ce thème au cours de leur publication trimestrielle, contre environ 10% en 2022. En Asie et en Europe aussi, l’intelligence artificielle se diffuse. Les parallèles entre ce phénomène et celui de l’internet de la fin des années 1990 semblent de plus en plus apparents.

Côté macroéconomique, le thème de l’intelligence artificielle entretient l’espoir d’une amélioration de la productivité dans le secteur qui en manque le plus, et qui est aussi de loin le plus gros secteur de l’économie, celui des services. L’IA pourrait en particulier booster la productivité des services financiers, administratifs et informatiques, qui sont en première ligne. La santé et l’éducation sont aussi concernées. Au total, c’est environ un quart des emplois des pays développés qui pourraient être affectés. Selon les projections – forcément fragiles à ce stade – de Goldman Sachs, les effets de l’IA sur la croissance mondiale seraient initialement faibles, avant d’accélérer à +0,2% à +0,3% par an au début de la prochaine décennie, essentiellement dans les pays développés (voir tableau 2). Toutes ces études admettent bien entendu un niveau élevé d’incertitude sur le rythme d’adoption de l’IA, comme sur l’ampleur des effets positifs et négatifs imaginables.

Si personne ne retient donc son souffle sur les effets attendus de l’IA en termes de productivité, sa montée en puissance se traduit cependant dès aujourd’hui par une forte accélération de la demande de certains semi-conducteurs, et par une adoption rapide dans certains secteurs déjà très digitalisés. Le contexte de manque de main-d’œuvre et de pression salariale pourrait par ailleurs encourager plus d’entreprises à accélérer sur ce thème. On se souvient que pendant la bulle internet, les cours des actions montaient presqu’à chaque fois qu’une entreprise annonçait l’intégration d’internet dans son modèle économique. Verra-t-on la même chose avec l’IA ? À suivre. La valorisation du thème est un autre signe possible de bulle. Pour l’instant, le PER prospectif des « valeurs IA » de l’indice Bloomberg ad hoc se situe à environ 28x, contre 15x pour le MSCI Monde équipondéré DNR (graphique 3). On avait vu des valorisations relatives encore plus chères au pic de la bulle TMT (techno-média-télécom) et internet, mais c’est déjà bien payé.

Réalité incontournable, l’impact de l’IA sur les bourses mondiales prend donc forme. Le rythme auquel les entreprises cotées annonceront l’adoption de l’IA, et la forme que cela prendra, participera désormais au narratif de marché. Ce narratif étant de nature essentiellement positif dans l’esprit des investisseurs, il s’impose comme un soutien aux « esprits animaux ». Il s’ajoute donc aux arguments étayant le « bull market » des actions, aux côtés de la désinflation, de la baisse prochaine des taux d’intérêt et de la résilience de l’économie américaine.

Dans nos fonds diversifiés globaux, nous restons sur le positionnement suivant : surpondération des actions, une duration obligataire modérée comme couverture en cas de ralentissement économique important, et du rendement monétaire en euro. Dans l’attente d’un pivot de la BCE et d’une reprise progressive de l’activité, nous maintenons une forte exposition aux actions dans nos fonds flexibles européens. Dans ces fonds, outre un panier cœur proche de l’Euro Stoxx 50, nous investissons dans un panier diversifié de petites et moyennes valeurs, des valeurs bancaires et des sociétés bénéficiant des thèmes de la productivité et de la transition énergétique.

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