La Fed regagne pleinement sa capacité à rassurer les marchés - 2 septembre 2024
Le mois d’août aura démontré que, grâce à la désinflation, la Fed a pleinement regagné sa capacité à rassurer les investisseurs quand ceux-ci se mettent à douter. Reste maintenant à vérifier que, hors des Etats-Unis, les perspectives de croissance puissent s’améliorer – en particulier en Europe où le scepticisme revient en force.
D’octobre 2023 à mai 2024 les marchés des actions étaient nettement remontés, soutenus par la désinflation américaine, la digestion du choc ukrainien et la stabilité de la croissance mondiale. Au niveau microéconomique, le boom de l’IA et la forte amélioration de la profitabilité des sociétés financières avaient aussi fortement contribuer à soutenir les cours de bourse.
A partir de juin, le fort optimisme – trop fort sans doute – des investisseurs a été remis en question d’abord par les élections en France, puis par la menace d’un ralentissement américain plus prononcé que prévu, et enfin par le débouclement de positions spéculatives financées en Yen. Le surachat des valeurs liées à l’IA a aussi pesé. En trois jours de bourse au tout début du mois d’août, la liquidation était achevée, la volatilité implicite mesurée par le VIX atteignant même 65% le 5 août, son plus haut niveau depuis la crise de la Covid. Au total le MSCI monde n’aura pourtant perdu que 9% de son point haut de la mi-juillet à son point bas du 5 août, avant de remonter (graphique 1).
Cette panique relative aura provoqué une forte baisse des taux long américains, de 4,25% à 3,80% en quelques jours, baisse auto-stabilisatrice pour des bourses mondiales qui commençaient à anticiper l’intervention des banques centrales. Au symposium annuel de Jackson Hole, Jerome Powell a d’ailleurs annoncé que la Fed baissera ses taux d’intérêt dès le 18 septembre pour contenir les risques d’un affaiblissement – pour l’instant modeste – du marché du travail. Le président de la Fed a souligné l’ampleur de sa marge de manœuvre en cas de problème, même s’il pense qu’il n’aura pas besoin d’y recourir « vite et fort », puisqu’il demeure optimiste sur l’économie américaine. A cet égard, les investisseurs seront attentifs au prochain rapport sur l’emploi qui sera publié le 6 septembre. Mais le discours de Powell ne peut mieux illustrer l’idée du « put » protecteur de la Fed.
Reste maintenant à consolider les perspectives de croissance hors des Etats-Unis. C’est particulièrement important pour l’Europe où la crise de l’industrie allemande et les problèmes politiques en France nourrissent un certain scepticisme. Après plusieurs mois de nets progrès, l’opinion des analystes sur les perspectives économiques en zone euro s’est nettement replié depuis le mois de juin (graphique 2).
Le pessimisme sur la situation économique de la zone euro est sans doute un peu exagéré, surtout quand on constate que le taux de chômage atteint 6,4% au mois de juillet, son plus bas niveau depuis plusieurs décennies. Mais il est vrai que les obstacles européens à la croissance sont significatifs. Malgré ses difficultés économiques et la marge de manœuvre importante dont elle dispose, l’Allemagne se refuse toujours à lâcher sa règle de l’équilibre budgétaire. Quant à la France, elle attend son gouvernement. La chute de l’inflation, désormais à 2,2% en zone euro, au plus bas depuis 3 ans, devrait cependant permettre de soutenir l’économie via deux canaux majeurs. Le premier est celui du pouvoir d’achat, qui remonte très progressivement depuis environ un an, les prix montant moins vite que les salaires (graphique 3). Et le deuxième est celui de la baisse des taux monétaires et obligataires, baisse qui commence déjà à réveiller la demande de crédit immobilier dans certains pays (comme en France, selon les banques). La BCE va bien entendu rester prudente à court terme car l’inflation « core », c’est-à-dire hors alimentation et énergie, demeure encore un peu élevée, particulièrement dans les services. Mais elle devrait pouvoir baisser à nouveau ses taux d’au moins 25 points de base le 12 septembre prochain.
Dans la gestion de nos fonds flexibles européens et globaux nous avons profité de la baisse de début août pour renforcer nos positions sur le marché des actions. Nous avons aussi ajouté, dans nos fonds globaux, quelques banques japonaises qui avait lourdement chuté. Ces banques viennent compléter notre panier de valeurs financières initialement européennes. Enfin, nous restons pour l’instant en dehors des marchés obligataires malgré le contexte de détente des taux des banques centrales, ces marchés ayant déjà intégré de fortes baisses de taux pour les prochains trimestres.