Lettre mensuelle - Mars 2025
MACRO CORNER
La Chine c’est fantastique ? – 03 mars 2025
A l’instar de l’Europe, la bourse chinoise connaît un fort rebond en ce début 2025. Alors que l’activité économique se reprend timidement, que de nouvelles barrières douanières ont été mises en place par l’administration Trump, l’arrivée du nouvel outil d’intelligence artificielle générative, Deepseek, réveille l’appétit des investisseurs qui avaient peut-être sous-estimé les progrès technologiques qui continuent d’être réalisés en Chine ...
Trump, les droits de douane et les trois « R » - 24 février 2025
Le Président Donald Trump, en poste depuis le 20 janvier 2025, s’est fait connaître comme le « Tariff Man », l’homme des droits de douane. En les invoquant à tout bout de champ, l’exécutif américain brouille l’objectif final de cette politique et expose ses contradictions internes. Les droits de douane sont-ils un outil de négociation, un moyen de protection de l’industrie et des emplois américains, ou un instrument de financement de l’État fédéral ? Même si Trump aimerait sans doute répondre « les trois à la fois », ces objectifs sont en partie mutuellement exclusifs...
Entre guerre et paix, les actions européennes montent-elles trop vite ? – 17 février 2025
Après les estimations des dégâts de la guerre commerciale sur l’économie européenne, voici venue celle des bénéfices espérés d’un cessez-le-feu en Ukraine. Les marchés européens, qui ont fortement grimpé depuis six semaines, sont-ils en passe de devenir trop optimistes ?
Dans la foulée de l’élection de Donald Trump, les économistes ont tenté d’estimer les dégâts qu’une guerre commerciale pourrait infliger à l’économie de la zone euro. Les estimations s’étalaient entre 0,3% et 0,7% environ de perte de PIB en 2025. Tous les modèles considèrent l’impact direct des droits de douane américains comme négligeable – d’autant qu’ils seraient en grande partie absorbés par la baisse de l’euro. Ce que les économistes craignaient en début d’année concernait essentiellement le canal de l’incertitude, avec un impact négatif sur l’investissement, et celui d’une dégradation des conditions financières (baisse de la bourse, etc.) ...
MICRO CORNER
Le Clean Industrial Deal : une feuille de route commune pour la compétitivité et la décarbonisation
Ce 26 février, la Commission européenne dévoilait son plan « Clean Industrial Deal », véritable feuille de route pour les 5 prochaines années. Ce plan constitue une réponse appropriée aux enjeux de relance industrielle, de décarbonation, de compétitivité et de tensions géopolitiques (Chine, Etats-Unis) grandissantes.
Placer la décarbonisation et la circularité au cœur de notre politique économique est le seul moyen pour l'Union européenne de ne pas se laisser distancer par ses concurrents riches en ressources. Les émissions nettes de gaz à effet de serre de l'Union européennes sont désormais inférieures de 37 % aux niveaux de 1990, alors que le PIB a augmenté de 68 % au cours de la même période. Ces progrès soulignent que la décarbonisation ouvre de nouvelles perspectives économiques aux Européens. L'Europe a défini un cadre ambitieux pour devenir une économie décarbonée d'ici à 2050. Elle maintiendra le cap, notamment en atteignant l'objectif intermédiaire de 2040, à savoir une réduction nette de 90 % des émissions de gaz à effet de serre. Nous avions évoqué ce sujet il y a quelques semaines dans un article sur la transition énergétique et environnementale, sujet stratégique de compétitivité et de souveraineté en Europe. La mise en œuvre de ce plan « Clean Industrial Deal » peut constituer un changement de paradigme majeur.
Concrètement, l’Europe souhaite déployer un projet économique et de société transformationnel. Le Clean Industrial Deal réunit l'action climatique et la compétitivité au sein d'une stratégie de croissance globale. Il s'agit d'un engagement à accélérer la décarbonisation, la réindustrialisation et l'innovation, en même temps et sur l'ensemble du continent, tout en renforçant la résilience de l'Europe. Elle doit présenter à l'industrie européenne un argumentaire plus solide en faveur d'investissements importants et neutres sur le plan climatique dans les industries à forte consommation d'énergie et les technologies propres.
L’Europe entend aller au-delà des solutions traditionnelles en silo et envisage l'ensemble de la chaîne de valeur. Il existe six moteurs économiques : (1) énergie abordable, (2) marchés porteurs, (3) financement, (4) circularité et accès aux matériaux, (5) marchés mondiaux et partenariats internationaux et (6) compétences. Ces moteurs devraient être complétés par des actions sur les catalyseurs horizontaux nécessaires à une économie compétitive : réduire les formalités administratives, exploiter pleinement l'ampleur du marché unique, y compris par l'intégration progressive des pays candidats, stimuler la numérisation, accélérer le déploiement de l'innovation, promouvoir des emplois de qualité et mieux coordonner les politiques au niveau de l'UE et au niveau national.
Sur le sujet de l’énergie abordable, au cœur des enjeux politiques depuis la guerre en Ukraine et ses conséquences sur les prix de l’énergie en Europe, l’Europe place l’accès à une énergie abordable comme la pierre angulaire pour les entreprises du Clean Industrial Deal, en étant consciente que cela constitue un handicap important à date par rapport à la concurrence internationale. L’Europe estime être en mesure de réaliser des économies globales estimées à 45 milliards d'euros en 2025, avec une augmentation progressive jusqu'à 130 milliards d'euros par an d'ici 2030, et 260 milliards d'euros par an d'ici 2040. Une vraie bouffée d’air pour les ménages et entreprises européennes. Pour y arriver, l’électrification et la constitution d’un marché unique de l’énergie pleinement intégré sont des leviers majeurs. Cela passera par la réduction des inefficacités structurelles dans le système électrique, le renforcement des interconnexions et infrastructures de réseaux entre les pays européens ainsi qu’une flexibilité des systèmes électriques à même de renforcer l’intégration de sources d’énergies décarbonées et moins couteuses dans le mix européen. L’Europe entend également simplifier les règles relatives aux aides d’Etats pour développer le déploiement des énergies renouvelables, procéder à des appels d’offres mutualisés d’achats d’électricités. Les délais administratifs d’autorisation pour le déploiement de projets de réseaux, de stockage d’énergie et d’énergies renouvelables seront réduits, 7 pays ont déjà procédé à cette démarche avec des effets clairs et positifs pour la résilience et l’accessibilité du système européen. L’Europe entend ainsi réussir à augmenter le taux d’électrification de l’ensemble de l’économie de 21,3 % aujourd’hui à 32 % en 2030, de même chaque année ce sont 100 gigawatts de capacités de renouvelables qui seront installés jusqu’en 2030.
Sur le sujet des marchés porteurs, l’enjeu est de stimuler l’offre et la demande de produits propres en sollicitant à la fois les consommateurs et producteurs. L’Europe a bien conscience que les entreprises ne feront les investissements nécessaires que si elles sont sûres qu'il existe un marché pour leurs produits. Le Clean Industrial Deal compte donc mettre en place les conditions nécessaires à l'émergence de cette demande. Pour y arriver, l’envoi d’un signal hors-prix est décisif. L’intégration de critères non tarifaires dans les marchés publics, des incitations aux achats privés, le déploiement d’un label volontaire sur l’intensité en carbone des produits industriels en insistant sur la pertinence d’une évaluation complète du cycle de vie des produits sont des tournants majeurs. Cela doit permettre d’atteindre 40 % de composants clés de produits de technologies propres fabriqués dans le marché européen.
Sur les financements, le Clean Industrial Deal mobilisera plus de 100 milliards d'euros afin d'améliorer les arguments économiques en faveur de la fabrication propre dans l'Union européenne basé sur le Fonds pour l'innovation, les revenus supplémentaires résultant de certaines parties du système d'échange de quotas d'émission ainsi que la révision d'InvestEU[1] avec un appétit pour le risque renforcé sur les technologies propres.
Sur le sujet de la circularité et de l’accès aux matériaux, l’objectif est de sécuriser l’accès aux matières premières critiques. L’accent est mis sur la circularité avec un renforcement des efforts d’écoconception des produits, de recyclage avec une volonté d’atteindre un taux d’utilisation de matériaux circulaires de 24 % à horizon 2030, à comparer à 11,8 % aujourd’hui. La mise en place d’une TVA verte est également évoquée et pourrait avantager les alternatives locales et bas carbone aux produits importés et fortement carbonés.
Sur le sujet des marchés mondiaux et partenariats internationaux, l’Europe entend maintenir son rôle décisif à l’échelle internationale dans la géopolitique climatique – renforcée par la sortie des Etats-Unis de l’Accord de Paris – et rééquilibrer ainsi le rapport de force avec les partenaires commerciaux du continent (accord de libre-échange, mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, lutte contre les subventions étrangères et le dumping).
Sur le sujet des compétences, l’Europe souhaite mettre en place une Union des compétences, en permettant une portabilité des compétences et une reconnaissance des qualifications dans l’ensemble des pays de l’Union. Cela aura des effets bénéfiques sur les métiers en tension sur lesquels les entreprises manquent de main d’oeuvre qualifiés. Les programmes de réinsertion pourront ainsi être adaptés en ce sens. L’Europe a identifié 24 professions en 2024 où au moins 5 Etats membres ont signalé une pénurie.
Enfin, l’Europe travaillera à la déclinaison opérationnelle de cet ensemble de mesures dont le calendrier et la mise en oeuvre effective s’étaleront sur les 5 prochaines années. Une déclinaison de ce plan sur les grands secteurs (automobile, acier/métaux, chimie, transport, bioéconomie) est ainsi prévue pour intégrer les spécificités sectorielles à même de garantir la réussite d’une transition réussie de ces secteurs. Si le diable est dans les détails, ce plan constitue à la fois une vraie prise de conscience des enjeux à l’échelle européenne, un message fort envoyé au monde économique mais constitue également un vivier toujours plus nourri d’opportunités économiques pour les entreprises qui se seront positionnées le plus tôt sur une contribution effective à cette ambition européenne d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Ce sont typiquement les entreprises que nous avons à coeur de sélectionner dans le fonds Dorval European Climate Initiative (Article 9 SFDR, doublement labellisé ISR et Greenfin).
Le fonds Dorval European Climate Initiative est exposé aux risques spécifiques suivants : risque lié à la gestion discrétionnaire, risque de perte en capital, risque actions, risque de change, risque de crédit, risque de taux, risque lié à l’usage d’instruments dérivés, risque de durabilité. Le capital investi n'est pas garanti.
(1) Le fonds InvestEU soutient les opérations de financement et d’investissement relevant de quatre priorités stratégiques de l’UE : infrastructures durables, recherche, innovation et transformation numérique, petites et moyennes entreprises et enfin les investissements sociaux et compétences.
CORPO CORNER
Natixis Wealth Management étend son expertise de gestion avec l’acquisition de Dorval Asset Management
Natixis Wealth Management, acteur de référence en gestion de fortune, annonce le projet d’acquisition de Dorval Asset Management, société de gestion spécialisée en stratégies flexibles, actions européennes et gestion diversifiée internationale.